Le géant endormi
- Xaryi
- 9 avr. 2017
- 3 min de lecture

Comme un géant oublié, ce monstre de béton et d'acier sommeille en plein milieu du parc régional avoisinant. Tel un rêve abandonné, la seule piscine publique olympique de Marseille avait eu un vent d'espoir en voyant arriver un plan de rénovation visant à mettre cette dernière aux normes olympiques les plus récentes. Malheureusement cet espoir est resté à l'état de doux rêve quand après sa fermeture pour travaux, ceux-ci ne commencèrent jamais et la piscine ne fut plus jamais ouverte au public. Malgré les plans de financements successifs de la ville et une ambition d'être la capitale du sport en 2017, le géant reste assoupi dans son écrin de verdure.
L'endroit n'est pas tout à fait désert, un gardien veille encore sur l’endroit. Malgré cela notre équipe s'avance doucement parmi les débris de verre qui jonchent le sol. L'endroit est devenu un squat.
Faisant fi de cette déception (qui n'en est pas vraiment une), nous poursuivons l'exploration. Au centre du grand bassin intérieur nous faisons une brève rencontre avec un cercle d'incantation constitué de bougies qui trône fièrement au milieu du bassin, vide. Pas de baignade pour nous aujourd’hui visiblement…

Au détour d'un couloir se découvre la porte qui mène au grand bassin extérieur, le fameux bassin olympique, intérêt majeur de la piscine et source de sa… fermeture.

Colonisé par la végétation, tout est exactement comme je l'espérais, la nature tente de reprendre le dessus comme souvent, je la vois déjà commencer monter les massifs gradins de béton et d'acier qui longent le bassin. Une porte discrète sur le flanc de ces derniers attire alors notre attention… Nous pénétrons sous les gradins en quête de la probable machinerie qui œuvrait dans les entrailles du géant assoupi. Rien ; tout ce que nous trouvons c'est ce que nous ne cherchons pas. Empilés là, s'amassent les restes des équipements qui jadis servaient à l'extérieur. Aujourd'hui ils amassent poussière et toiles d'araignées dans l'ombre et l’humidité menaçante du béton armé.

Retour à la surface, direction le plongeoir. Nous trouvons enfin l'eau que nous cherchions dans le bassin qui accompagne plongeoir. Une ascension vertigineuse s'ensuit pour découvrir un point de vue magnifique sur la garrigue environnante et le vide qui nous sépare du sol, lequel nous passe définitivement toute envie de piquer une tête.


L'endroit ne nous révèle pas encore tous ses secrets, sous le solarium à côté du bassin nous trouvons un escalier, nous nous engouffrons une nouvelle fois dans les entrailles du géant tout de béton. Notre exploration se dirige vers les vestiaires qui s'étendent à perte de vue sous terre dans l'obscurité, seuls quelques rayons fusent à travers les fenêtres défoncées et les fissures des portes tandis que nous nous avançons au travers des cabines et des 666 tracés de partout.
Les prospectus et les meubles jonchent le sol. Comme d'habitude, être dans un lieu abandonné, loin de la civilisation, donne à certain une envie de se défouler sur le pauvre mobilier qui n'a rien demandé. Mais l'essence du lieu reste encore là; les cintres toujours suspendus dans la consigne attendant des visiteurs qui ne viendront probablement plus jamais.



Notre parcours nous nous entraîne à nouveau dans les profondeurs du bâtiment, des abysses sombres avares en lumière qui ne laisse cette dernière que filtrer doucement par endroits, l'atmosphère est glauque à souhait et au détour d'un placard électrique nous tombons sur quelques casiers ayant survécu aux pillages accompagnés de vieilles photos jaunies tout droit sorties d'un film d'horreur.
Nous remontons, en passant par les escaliers intérieurs, les couloirs s'enchaînent dans l'ombre et puis soudain nous nous retrouvons à nouveau dans l'espace de la piscine couverte. En sortant par les grandes baies défoncées nous remarquons une porte ouverte qui mène aux souterrains de la piscine. En y pénétrant nous entendons un bruit, le gardien probablement. Nous laissons derrière nous ces longs couloirs plongés dans l'obscurité et disparaissons, nous reviendrons peut-être une autre fois...

En se retournant une dernière fois, je remercie le géant de béton de nous avoir toléré si longtemps dans son écrin de verdure.



Comments